Aujourd'hui dimanche, nous sommes allés faire un tour en ville, et puis en avons profité pour regarder les courageux/ses nager dans la Liffey. La Liffey est la rivière qui traverse Dublin, et tous les étrangers qui ont eu la chance de la regarder de près sauront qu'il ne viendrait jamais à l'idée de quelqu'un de sensé de nager dedans. Sauf les Irlandais, à qui l'idée semble tout à fait réjouissante, puisque la Liffey Swim est une grande tradition. Et ça fait 85 ans que ça dure....
Voilà donc, pour ceux qui n'ont pas eu la chance de la voir de leurs propres yeux, la flore qui décore notre chère River Liffey :
Morceaux de pain, bouteilles en plastique, bouteilles en verre, ballons de foot, sacs en plastique, roues de vélo, paquets de chips, boîtes de camembert (si, si!), canettes de bières, gants en plastique....et de temps en temps aussi...des algues. Parce qu'il ne faudrait pas oublier que c'est une rivière! On aurait tendance, comme ça, à croire que c'est une décharge publique... Nous voilà donc près de la ligne d'arrivée, prêts à accueillir comme il se doit les inconscientes qui se sont jetées à l'eau. Il y a une compétition pour les hommes, et une compétition pour les femmes. C'est à cette dernière que nous avons assisté.
Vous pensiez que n'importe quel gugus peut participer à la Liffey Swim? Mais pas du tout!
La Liffey Swim c'est le grand final, le feu d'artifice, l'apothéose qui boucle la saison "Open water races" de chaque été. Il faut donc être sacrément qualifié pour pouvoir y participer. Il faut avoir fait au minimum 5 de ces compétitions, après quoi les participant(e)s reçoivent un numéro de classement pour participer à la Liffey Swim.
Enfin bref revenons à nos moutons (irlandais). En attendant ces dames qui parcouraient tout de même 2,4 kilomètres avant de rejoindre la ligne d'arrivée, nous avions tout loisir de contempler ce que j'appellerai l'efficacité irlandaise dans toute sa splendeur.
Sur ce qui servait de ponton, nous avions là deux ou trois militaires qui avaient décidé qu'il fallait se mettre à nettoyer la Liffey. Là, maintenant, tout de suite. Non, parce que les hommes qui étaient passés avant, ça n'était pas trop grave s'ils nagaient parmi les détritus, mais les "ladies" tout de même...
Les voilà donc à l'œuvre (vous noterez qu'ils avaient trouvé d'excellents outils de nettoyage).
Rassurés, nous nous sommes dit que "voilà au moins une bonne action, ces militaires qui se salissent les mains pour rendre la compétition de ces dames (et surtout l'arrivée) moins déplaisante. C'est charmant."
Nous avions parlé trop vite. Aussitôt les déchets collectés, ils n'ont rien trouvé d'autre que de les balancer...je vous le donne en mille? Juste derrière le ponton, soit un mètre derrière. Ah, bravo. Ah ça, c'est utile.
Après deux ans en Irlande, je suis toujours aussi naïve, je me demande combien de temps encore, je vais croire que les irlandais ne sont "pas si fous que cela"...
Mais nos pensées ont été rapidement interrompues, car le bonnet blanc de la première participante (parmi 120 femmes!) se faisait voir à l'horizon: Molly Malley, 60 ans, arrivait à toute blinde (bon là, j'exagère un peu). La voici arrivée au ponton.
A notre grande surprise, elle ne choisit pas de regagner la rive, mais reste dans l'eau encore un petit moment (comme si ces 2,4 kilomètres d'eau puante n'avaient pas suffi: à noter, les irlandais sont non seulement fous mais n'ont pas non plus d'odorat).
Cinq bonnes minutes plus tard, le gros du troupeau arrive.
Au ponton, ca commence à s’agglutiner. Et là, une fois de plus, on peut noter la finesse, la subtilité de l'organisation irlandaise.
Quand on arrive au ponton, on prend son numéro (comment ça, y'a pas d'autre système pour juger des palmarès ?!) et on attend d'être soulevée par le premier grand gaillard qui a les mains libres. Oui, parce qu'il ne faudrait pas penser que le ponton était fait pour les nageuses. Il ne faudrait pas non plus penser qu'ils aient prévu une échelle, pour sortir ces dames de l'eau. Non, le ponton était fait pour les valeureux journalistes ou militaires qui ne voulaient pas se mouiller la papatte en sortant de leur zodiaque.
Notez outre le côté "pratique", le côté "séduisant" de ces dames en maillot de bain, bonnet de bain blanc, mordant ferme sur un gros carton jaune avec un numéro en attendant qu'une bonne âme veuille bien les aider à sortir de l'eau.
Comble de l'histoire c'est que l'organisation avait été tellement mauvaise, que les nageuses patientaient dans l'eau en compagnie de charmants morceaux de pain et autres bouteilles en plastique. Oui, parce qu'avec le courant, les déchets s'amoncelaient et il n'y avait alors plus personne pour les jeter un mètre plus loin,à moins d'assommer à tour de bras nos braves sportives.
Voilà pour un premier témoignage de la vie irlandaise au quotidien. Avec Jeff, mon coloc', on avait souvent bien ri en pensant à l'écriture hypothétique d'un livre sur "comment survivre en Irlande". Le mot est faible.
Pour les bilingues et/ou courageux, voici un article qui témoigne de ma bonne foi...
Liffey swim ban after Weil’s disease discovered
[Posted: Wed 07/11/2001]
A warning has been issued to the public against swimming or boating on the river Liffey in the Dublin area, following the discovery of two suspected cases of Weil’s disease, a bacterial disease which can lead to liver damage and meningitis.
The warning was issued by the Eastern Regional Health Authority after two canoeists appeared to contract the disease in the suburban stretches of the Liffey.
Weil’s Disease, also known as leptospirosis, can cause a wide range of symptoms, including high fever, vomiting, abdominal pains, diarrhoea and severe headaches. Some people may contract the disease and have no symptoms at all.
If left untreated, patients can go on to develop kidney or liver damage, respiratory or cardiac problems or meningitis.
The disease usually occurs in animals such as rats, however it can be transmitted to humans through, for example, contaminated urine in rivers. It is treated with antibiotics.
The ERHA’s Department of Public Health is advising anybody who may have been swimming or boating on the Liffey, especially in the Leixlip/Lucan area, to contact their GP if they have, or have had, flu-like symptoms since October.
“While the definite diagnosis and the method by which the disease may have been contracted are still awaited, the advice is being issued as a general precautionary measure”, a spokesperson for the ERHA said.
Ils sont fous, ces irlandais….