Toujours aussi busy, mais il y a des occasions à ne pas manquer. D'autant plus qu'on va en parler dans les médias dans les prochains jours en France je pense, surtout si le résultat est négatif.
Aujourd'hui, sache-le, l'Irlande votera pour ou contre le traité de Lisbonne.
Et je peux te dire, si le taux d'abstention est élevé, j'aurai de quoi me poser des questions, parce que les panneaux Pour et Contre, ils sont PARTOUT en ville depuis plus de deux mois. C'est juste impossible de ne pas savoir que ça se déroule en ce moment.
Alors pourquoi c'est si important, ce vote pour ou contre le traité de Lisbonne ? Je voudrais bien te l'expliquer, mais il y en a qui font ça mieux que moi alors je leur laisse la parole :
Analyse disponible ici sur le site de Le Monde.
L'Irlande et l'Europe ont tout pour former un bon couple. L'Irlande est peut-être le plus beau succès de l'Union. Le "tigre celtique" doit en très grande partie à son entrée dans la Communauté (1973) d'être passé, en deux décennies, de la misère à l'opulence, ancien pays le plus pauvre d'Europe devenu le deuxième plus riche de l'Union européenne en produit intérieur brut (PIB) par habitant, après le Luxembourg. La croissance (4,7 % du PIB en 2007) est certes inférieure aux records de 7 à 11 % détenus par le pays entre 1993 et 2001, propres à une économie de rattrapage, mais elle reste plus de deux fois supérieure à la moyenne européenne. Le taux de chômage (5,5 %) est en hausse, mais encore enviable comparé à celui des voisins européens. L'Institut de recherche économique et sociale (ESRI) donne des prévisions optimistes pour les dix années à venir, malgré une période de creux entre 2007 et 2010.
Les Irlandais vivent les choses autrement. Leur quotidien n'est plus ce à quoi les avait habitués l'extraordinaire élan des quinze dernières années. Leur pouvoir d'achat pâtit de la chute de la croissance (prévue au plus à 1,6 % en 2008), de la crise de l'immobilier, du resserrement des conditions de crédit. La fin de l'euphorie du "rattrapage" est un motif d'inquiétude au moment où l'Irlande commence à jouer dans la cour des grands.
Encore "bénéficiaire net", la petite République devrait passer prochainement "contributeur net" : pour elle, l'Europe n'est plus seulement l'entité qui protège, mais celle à laquelle il faut contribuer, notamment en soutenant l'économie des nouveaux pays membres venus de l'Est. Or "on est dans des sociétés à logique égoïste, a dit au Monde l'eurodéputé vert allemand Daniel Cohn-Bendit. Les Irlandais qui disent non à l'Europe, c'est comme la Ligue lombarde qui rassemble 40 % des électeurs dans le nord de l'Italie pour ne pas payer pour le sud du pays".
En juin 2001, déjà, le couple Irlande-Europe battait de l'aile. L'adoption laborieuse du traité de Nice, destiné à tenir compte de l'élargissement de l'UE, avait failli échouer à cause d'un veto : celui de l'Irlande. Ce jour-là, sur l'île, tout semblait pourtant dans la poche, les sondages indiquant une écrasante victoire du oui. Le fort taux d'abstention (65,2 %) a pris de court les pronostiqueurs : 53,9 % des votants se sont prononcés contre le traité de Nice (43,1 % pour). Il a fallu l'habileté et la popularité du premier ministre d'alors, Bertie Ahern, pour profiter d'une échéance législative et faire accepter aux Irlandais de se reprononcer sur le même traité, après l'ajout d'un protocole leur garantissant leur neutralité diplomatico-militaire. En un tour de passe-passe, le traité de Nice a ainsi été soumis au vote une deuxième fois en 2002 et approuvé à 62,9 %.
Après presque dix ans de discussions institutionnelles et de subtils compromis, les Européens sont fatigués. Il semble impossible qu'ils renégocient le traité, peu vraisemblable qu'ils l'abandonnent pour revenir au cadre actuel du traité de Nice, et juridiquement intenable de concevoir une Union à vingt-six, sans l'Irlande, qui se trouve déjà dans la zone euro. Il n'est pas non plus envisageable que les 4,2 millions d'Irlandais puissent empêcher les 495 millions d'Européens d'avancer. En cas de non, pour éviter une réaction en chaîne et ne pas interrompre le processus de ratification du traité par les autres pays - seuls quinze Etats membres ont déjà ratifié -, une solution serait de faire revoter les Irlandais sur de nouvelles bases, en leur concédant d'autres "opting out" (dérogations) sur les sujets qui leur sont sensibles. Le précédent de Nice nourrit l'espoir qu'un non pourrait à chaque fois être gratifié d'une prime des têtus.
LE TAUX DE PARTICIPATION, ÉLÉMENT CRUCIAL
Mais que concéder cette fois ? A Bruxelles, personne ne voit bien ce que l'on pourrait offrir de plus à l'Irlande. Celle-ci a déjà obtenu des dérogations, maintenues dans le traité de Lisbonne, en matière d'affaires intérieures et de coopération judiciaire. Elle a obtenu les garanties, réitérées dans le traité de Lisbonne, de sa neutralité diplomatico-militaire, sujet ultrasensible dans cette République neuve, fraîchement débarrassée de l'impérialisme britannique et fière de son indépendance.
La perte de la neutralité reste pourtant un slogan fort des partisans du non, qui s'appuient sur l'objectif réel d'un renforcement de la politique européenne de défense. Dans l'imaginaire irlandais, il fait mouche. Trop libéral, pas assez libéral, trop libertaire, antidémocratique : le traité de Lisbonne est accusé de tous les maux, y compris ceux qui ne le concernent pas. Comment enrayer une telle dynamique ? Face à un slogan pour le non qui claque sur des peurs diffuses, une incitation au oui paraît défensive, explicative, nuancée, ennuyeuse.
Que vaut l'assurance que la spécificité fiscale, clé de la réussite irlandaise, est protégée par le droit de veto des Etats membres, face à cet avertissement autrement plus efficace : "L'Europe détruira les avantages fiscaux de l'Irlande !" Que vaut le projet d'une rotation des commissaires européens pour faciliter le fonctionnement de la Commission, face à cette menace : "L'Irlande perdra son commissaire permanent ! Le traité est antidémocratique ! Votez non !" Que vaut cette affiche du parti gouvernemental : "Bon pour l'Irlande, bon pour l'Europe ! Votez oui !", face à cette autre, quelques mètres plus loin : "Des Irlandais sont morts pour votre liberté, ne la bradez pas ! Votez non !"
Dans un sondage de l'Irish Times, vendredi 6 juin, le non passait en tête. Celui du Sunday Business Post, dimanche 8 juin, donne des estimations contraires. Le taux de participation sera l'élément crucial du scrutin. En dépend le sort du premier ministre irlandais, de la prochaine présidence française de l'Union européenne... et d'une Europe déjà bien cafardeuse.
Courriel : mvr@lemonde.fr.Et dans le même genre : Et si l'Irlande disait non ?
En attendant, je ne commenterai pas l'article mais je te dirai que d'après ce que j'ai entendu à droite et à gauche, on est plutôt favorable au non.
Et il y a, plus que toute autre chose semble-t-il, une raison historique à cela.
Rappelle toi, dans les articles du mois dernier, j'évoquais vaguement le fait que la République d'Irlande est encore très jeune. En effet celle-ci n'existe que depuis 1921.
L'histoire de la république d'Irlande, c'est l'histoire de la longue bataille des irlandais contre le pouvoir britannique. C'est l'histoire de familles déchirées, de leaders déterminés et charismatiques, d'un peuple qui a souffert, c'est l'histoire d'une nation qui pendant des années, a œuvré pour gagner, enfin, son indépendance.
Je te la joue dramatique, que tu penses tout haut, lecteur ? Pourtant il y a beaucoup de ça, dans la réalité. Un jour, on en reparlera toi et moi. Mais bon, juste pour t'expliquer que tout ça, c'est encore bien frais dans les mémoires, je te l'assure.
Alors ce traité de Lisbonne, pour certains c'est un peu reprendre ce que leurs ancêtres avaient si difficilement acquis. Et ça, tu penses bien, c'est hors de question. Bruxelles aurait le pouvoir de décision ? Ah non !
Et ce slogan, qui rappelle aux malheureux qui l'auraient oublié que "tes ancêtres se sont battus pour la liberté d'expression et pour avoir des droits, ce n'est pas pour les donner à Bruxelles". Et comme je les comprends de penser ainsi, maintenant que je connais mieux l'histoire du pays qui m'héberge.
Des affiches, il y en a des plus sérieuses (portrait d'homme ou femme politique au sourire carnassier) et des plus loufoques (affiche avec 3 singes et ce texte "The New EU Won't See You, Won't Hear You, Won't Speak For You.") . Je ne vais pas te faire ici un florilège de photos. Seule une m'a vraiment interpellée.
En fait, elle m'a même vraiment dérangée.
Qu'on veuille inciter le peuple à voter oui, ou non, est une chose. Mais prendre comme exemple la France (et accessoirement les Pays-Bas), je dis non. Comme si le vote de la France était gage d'intelligence, de clairvoyance, de rébellion fondée sur des arguments réfléchis, ou pire : sur une connaissance parfaite du texte en question ! Et j'en passe.
Devant cette affiche, et devant des manifestants qui clamaient à n'en plus finir qu'il fallait se rappeler ce qu'avaient fait les français (sous-entendu, parce que nous, français, on n'acceptait pas qu'on se moque de nous, nous les français, on est des rebelles !), je me suis sentie mal, très mal.
Je n'avais qu'une envie, c'est d'aller leur dire de se taire, et surtout, de ne pas parler du vote de la France. Pas que j'aie honte. Mais je trouvais que c'était un mauvais argument d'une part, et que c'était donner trop de crédit à la France d'autre part. Quid des autres pays ?
Bref.
Aujourd'hui donc, c'est l'Irlande qui est à l'honneur. Et vu le nombre d'articles qui sont consacrés à l'évènement, j'ai hâte de connaître les résultats, les opinions, les expériences, les ressentis, ce soir, ou sans doute plutôt demain.
Bonne journée !
Un vrai suspens, même si au départ j'ai l'impression que c'est quand même mal barré.
RépondreSupprimerOn en saura plus demain midi.
RépondreSupprimerEt si le Non l'emportait??...
Fabienne> Oui, on peut le dire ! J'avais l'impression que c'est le non qui allait sortir, maintenant je pense que c'est plutôt le oui...
RépondreSupprimerLadyM> A priori les résultats devraient être annoncés demain début de soirée. Les votes seront comptés à partir de demain matin 9h.
Et si le non l'emportait...l'Europe serait peut-être bien dans une impasse...
Update : c'est non à 53,4%
RépondreSupprimerPourvu que l'irlande vote non!!
RépondreSupprimerCe traité va tous nous mettres dans la m....
S'il te plait, visite cette page et fais la circuler (chez des irlandais qui parlent francais !!)
http://www.debout-la-republique.fr/
L'irlande si elle vote non, nous donnera un serieux coup de main, à nous, le peuple, les artisans ; pas aux riches et aux banquiers, ca c'est sur !!
Anonyme> Tu arrives un peu tard dis moi, les résultats sont publiés depuis bien longtemps et c'est le non qui l'a emporté.
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